L’ancien président de l’exécutif de Catalogne, parti en catimini en Belgique lundi 30 octobre, a tenu une conférence de presse à la mi-journée à Bruxelles. Il a fait plusieurs annonces : menacé de poursuites pour rébellion en Espagne, il ne demande pas l’asile politique en Belgique et assumera ses responsabilités face à la justice de son pays, mais demande des « garanties». Il respectera aussi le résultat des élections du 21 décembre et appelle à « ralentir » le processus d’indépendance catalane pour éviter des troubles.
Le président destitué de la Généralité de Catalogne Carles Puigdemont est arrivé lundi 30 octobre à Bruxelles en compagnie de cinq autres dirigeants catalans. Après 24h de silence, laissant libre cours aux rumeurs, il s’est exprimé depuis le Club Press de Bruxelles en trois langues : catalan, espagnol et français.
Le président déchu du gouvernement catalan a commencé par un rappel des raisons qui l’ont poussé à partir à Bruxelles. Il a estimé que, face à l’attitude du gouvernement espagnol, vendredi 27 octobre, « des négociations calmes et diplomatiques ne sont plus possibles ». Il a dénoncé une « politique de répression et non de négociation ».
Il ne veut pas se soustraire à la justice de son pays et ne demande pas l’asile politique en Belgique. Carles Puigdemont risque entre 15 et 30 ans de prison pour rébellion. Mais, a-t-il ajouté, il ne retournera en Catalogne que lorsqu’il aura des « garanties » d’un « traitement juste, indépendant ». En attendant, il reste en Belgique par « liberté » et pour sa « sécurité ».
Le Premier ministre belge Charles Michel a assuré que le président catalan en Belgique serait « traité comme n’importe quel citoyen européen » avec « les mêmes droits et devoirs, ni plus ni moins ».
Carles Puidgemont a par ailleurs défendu la cohérence de son action et a souligné à plusieurs reprises son refus de toute action violente. « Nous avons été obligés d’adapter notre plan de travail pour éviter la violence » et « si cette attitude a pour prix de ralentir le déploiement de la République, alors il faut considérer que c’est un prix à payer raisonnable dans l’Europe du 21e siècle. »
Il a dénoncé en revanche « l’extrême agressivité du gouvernement espagnol », qui a, par le biais du procureur d’Etat, porté plainte contre les dirigeants catalans.
Il souhaite rendre la question catalane européenne, d’où le choix, a-t-il expliqué, de la capitale européenne.
Enfin, Carles Puigdemont a annoncé qu’il relevait le « défi démocratique » des élections régionales anticipées qui auront lieu le 21 décembre en Catalogne. « Nous respecterons les résultats des élections de décembre. »
■ L’indépendance suspendue par la Cour constitutionnelle
La Cour constitutionnelle espagnole a suspendu mardi la déclaration d’indépendance de la Catalogne, adoptée vendredi 27 octobre par le Parlement, donnant ainsi une suite favorable à un recours du gouvernement.
Par ailleurs, la présidente destituée du Parlement catalan, Carme Forcadell, et cinq autres de ses collègues parlementaires seront convoqués, début novembre devant la Cour suprême en vue de son inculpation après la déclaration d’indépendance de la région espagnole.