Ter, semences agricoles… : Cissé Lô déterre les dossiers à milliards de Fcfa
Dans ses différents « audios » insultants, le député Moustapha Cissé Lô est revenu sur le montage financier du projet de réfection du Building administratif Mamadou Dia inauguré, à quelques semaines de l’élection présidentielle de février 2019. Pourtant, le coût et le marché de ces travaux attribué à la société Bamba Ndiaye Sa avaient suscité de vives polémiques.
En effet, dans une contribution intitulée « réhabilitation du building administratif: les faits et les opinions » et transmise à la presse, le 4 octobre 2014, Abdou Latif Coulibaly, porte-parole du président de la République, alors secrétaire général du gouvernement et président du Comité de pilotage de la réhabilitation du building administratif, expliquait les procédures d’attribution des marchés de ces travaux. Il affirmait ainsi, dans cette note, qu’après l’accomplissement des formalités liées à l’approbation, « le marché a été immatriculé et les travaux de réhabilitation du building administratif sont en cours d’exécution. Ils portent sur tous les corps d’état de l’immeuble pour un coût de dix-sept (17) milliards de francs Cfa ».
Toutefois, les documents officiels consultés par Africa Check renseignent que le coût actuel de la réhabilitation s’élève, au moins, à 39 milliards 398 millions 639 Fcfa (toutes taxes comprises), soit plus que le coût initial du projet (17 milliards de Fcfa) annoncé en 2014 par Abdoul Latif Coulibaly. Un montant très proche de celui avancé par le député de l’opposition, Mamadou Lamine Diallo, qui lui, parlait de 40 milliards.
Mais aujourd’hui, soit près de 18 mois après l’inauguration de cet édifice, un autre député de la majorité et proche du palais fait des révélations explosives sur des détournements présumés, dans des enregistrements largement partagés sur les réseaux sociaux.
Pour ce qui est du Train express régional (Ter), il faut, d’emblée, noter qu’il devrait rouler depuis le mois d’avril 2020, selon les prévisions d’Oumar Youm, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement.
« Le Ter devient un scandale insoutenable »
Mais, faut-il le rappeler, son coût global avait fait couler beaucoup d’encre dans le landerneau politique. Ainsi, le parlementaire et leader de Pastef, Ousmane Sonko, avait défié les autorités étatiques révélant que le coût réel était, en réalité, estimé à environ 1300 milliards contrairement au montant initialement annoncé (568 milliards).
Ce qui faisait dire à Mody Niang, ancien porte-parole de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), que « notre Ter de 34 km devient donc un scandale insoutenable, aussi insoutenable que celui de l’autoroute à péage « Ila Touba »: 112 km sur un terrain plat, sablonneux avec comme obstacles quelques rares arbres, pour 416 milliards de francs Cfa. Soit 3,7 milliards le kilomètre ».
À signaler, par ailleurs, que suite aux déballages de Moustapha Cissé Lô à l’Assemblée nationale sur les scandales présumés dans la distribution des semences, les Sénégalais ont eu des sueurs froides à cause de la gravité de telles affirmations: des semences attribuées à n’importe qui et revendues au plus offrant au détriment des agriculteurs et operateurs semenciers de métiers et de professions.
Fâché par la marche de « son » régime, l’opérateur économique, donc homme du sérail, est revenu à la charge en citant même les noms de grandes personnalités qui, fulmine-t-il, ont fait recours à de telles pratiques obscures.
Une situation qui interpelle, aujourd’hui, le ministre de l’Agriculture à plusieurs niveaux et semble nécessiter un débat sérieux et structurel en vue de tirer au clair et d’une manière transparente la gestion de la distribution des semences dans un pays où près d’un million de personnes ont faim dont 11 625 qui ont très faim, selon les estimations du Conseil national de sécurité alimentaire.
Au Sénégal, ce secteur de l’agriculture mobilise et nourrit 70‰ de la population et absorbe 45‰ du total de l’emploi avec une valeur ajoutée qui se situe, en moyenne, à 15‰ du Pib.