Revenant à ses déclarations initiales qui avaient mis le feu aux poudres après les violences à Charlottesville, Donald Trump s’est de nouveau attiré les foudres polico-médiatiques lors d’un discours au vitriol mardi soir.
Le temps de l’apaisement aura duré à peine 24 heures. Lors d’une conférence de presse mardi 15 août, Donald Trump a une nouvelle fois renvoyé dos à dos les deux camps qui se sont opposés lors du drame de Charlottesville samedi dernier.
« Vous aviez un groupe d’un côté qui était méchant et vous aviez un groupe de l’autre côté qui était aussi très violent. Et personne ne veut le dire mais je vais le dire maintenant », a déclaré le président américain, en référence au rassemblement de suprémacistes blancs à Charlottesville samedi dernier qui a donné lieu à des affrontements avec des contre-manifestants.
Cette réaffirmation de sa prise de position initiale face à ces événements a relancé la tempête politico-médiatique aux États-Unis qui déferlait depuis samedi. Donald Trump avait, dans un premier temps tergiversé et tardé à condamner la responsabilité des groupuscules d’extrême droite dans les violences qui ont coûté la vie à une contre-manifestante anti-fasciste de 32 ans.
Satisfaction d’un ex-chef du Ku Klux Klan
Paraissant céder aux pressions de toutes parts, y compris au sein du Parti républicain, le président avait fini par dénoncer clairement, lundi, le racisme et en mettant en cause nommément le Ku Klux Klan (KKK), les mouvements néo-nazis et les groupuscules d’extrême droite. Jusqu’à ce nouveau volte-face mardi soir : « Ces personnes n’étaient pas toutes des néo-nazis, croyez-moi. Toutes ces personnes n’étaient pas, de loin, des suprémacistes blancs », a poursuivi Donald Trump. « Il y avait un groupe de ce côté. On peut les appeler la gauche (…) qui est venue attaquer violemment l’autre groupe. Donc vous pouvez dire ce que vous voulez, mais c’est comme ça. »
David Duke, ancien éminent chef du Ku Klux Klan, a immédiatement salué la dernière prise de position du président américain. « Merci président Trump pour votre honnêteté et votre courage de dire la vérité sur Charlottesville et de condamner les terroristes de gauche de Black Lives Matter/Antifascistes », a-t-il écrit sur Twitter.
Dans le camp républicain, certains n’ont pas hésité à fustiger la nouvelle incartade de Donald Trump, dont Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants. « Nous devons être clairs. La suprématie blanche est répugnante. Cette intolérance est opposée à toutes les valeurs du pays. Il ne peut y avoir aucune ambiguïté morale », a-t-il commenté dans un tweet.
« Accuser ‘les deux côtés’ après Charlottesville?! Non », a déclaré, pour sa part, Ileana Ros-Lehtinen, représentante républicaine de la Floride. « Le retour au relativisme lorsqu’on parle du KKK, des sympathisants nazis et des suprémacistes blancs ? Clairement non ».
Des patrons claquent la porte la Maison Blanche
Les patrons de Merck, Under Armour et Intel ont annoncé, chacun à leur tour, leur départ d’un groupe d’entrepreneurs conseillant la Maison Blanche afin de se désolidariser de Donald Trump. Ils reprochent au président ses tergiversations et ses réticences à condamner les groupuscules d’extrême droite.
Scott Paul, président de l’Alliance pour l’industrie américaine, leur a emboîté le pas mardi en déclarant simplement sur Twitter : « C’est la bonne chose à faire ».
Le monde syndical s’est aussi indigné, comme en témoigne la démission du président de la principale centrale du pays, l’AFL-CIO, Richard Trumka, qui siégeait également dans le groupe conseillant Donald Trump sur les questions industrielles.
“Rester pour influencer les décisions”
Plus nuancé, Doug McMillon, le patron de numéro un mondial de la distribution Wal-Mart, a dit regretter que le président n’ait pas initialement « saisi l’opportunité cruciale de rassembler notre pays en rejetant sans équivoque les actions horribles des suprémacistes blancs ». Il restera toutefois au sein du Forum stratégique et politique de Donald trump afin, dit-il, “d’essayer d’influencer les décisions de façon positive et d’aider à rassembler les gens ».
Ce n’est pas la première fois que le monde de l’entreprise s’oppose ouvertement à Donald Trump. En janvier dernier, plusieurs dirigeants avaient dénoncé un décret controversé restreignant l’immigration aux États-Unis, dont les patrons d’Apple, Tim Cook, et de Google, Sundar Pichai. Et plus récemment en juin, le très médiatique fondateur du constructeur de voitures électriques Tesla, Elon Musk, et celui de Disney, Bob Iger, ont claqué la porte de différents cénacles conseillant le président américain après sa décision de quitter l’accord de Paris sur le climat.