Mercredi 30 août, le secrétaire général de la présidence camerounaise a lu un communiqué sur la radio d’Etat annonçant l’arrêt des poursuites judiciaires contre des leaders de la minorité anglophones en conflit depuis novembre avec le pouvoir de Yaoundé. Ils avaient été interpellés en décembre et janvier au plus fort des protestations dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays. On ignore le nombre exact de personnes qui devraient être libérées, mais une trentaine ont déjà fait six moins de prison.
Trois noms ont été cités : Nkongho Agbor Félix Balla, Fontem Aforteka’a Neba et Paul Ayah. Le communiqué évoque d’autres personnalités interpellées ces derniers mois, sans en préciser le nombre et l’identité.
De lourdes charges pesaient contre eux : hostilité contre la patrie, rébellion ou coactions d’actes terroristes. Reconnus coupables, ils auraient pu être condamnés à la peine capitale. Mais, après six mois de procès, les poursuites sont donc abandonnées.
Geste d’apaisement
Pour les autorités, c’est un geste d’apaisement à l’endroit des régions anglophones.
Issa Tchiroma-Bakary, le porte-parole du gouvernement camerounais, explique le geste du président Paul Biya. « Le président de la République, qui est le président de tous les Camerounais, a une vision holistique et fait en sorte que la paix règne sur l’ensemble du territoire. Il se trouve que dans le nord-ouest et le sud-ouest il y a eu cette poussée de fièvre, qui heureusement est en train de retomber. Alors le chef de l’Etat, en tant que chef de la nation, a estimé qu’à ce moment précis, il est préférable de privilégier la paix et l’ordre social à cette poursuite », estime le porte-parole du gouvernement.
Et de noter : « Est-ce un clin d’œil pour les anglophones ? En tout cas, au niveau du gouvernement, nous pensons que cela contribuera à calmer la situation et à ramener la quiétude de manière générale. »
Issa Tchiroma-Bakary espère que « cela contribuera à ramener les uns et les autres vers le droit chemin, à faire comprendre y compris aux sécessionnistes que la voie qu’ils ont prise n’est pas la bonne ».
Pour Claude Assira, l’avocat de certains de ces leaders anglophones, détenus depuis plusieurs mois à Yaoundé, l’heure est à la satisfaction. « Ils sont considérés déjà comme étant libres ou libérables, sauf qu’il y a des formalités de levée d’écrou qui retardent souvent le processus (…). Donc je crains qu’ils soient encore obligés d’attendre encore un tout petit peu, peut-être les premières heures de [jeudi], explique-t-il. [Mardi] encore, nous avions une procédure d’habeas corpus devant le tribunal de Yaoundé et puis d’autres démarches en parallèle auprès d’instances nationales et internationales. Donc voir ce résultat aujourd’hui ne peut qu’être pour nous qu’un motif de satisfaction, de grande satisfaction. »
La nouvelle a été accueillie avec un certain soulagement, autant à Bamenda, dans le nord-ouest, qu’à Buya, dans le sud-ouest. Dans ces deux villes qui polarisent la contestation contre le pouvoir central de Yaoundé, on avait fait de la libération de ces leaders un préalable à toute perspective de sortie de crise.
Paul Biya a ainsi satisfait à la demande d’une large partie de l’opinion publique anglophone et même nationale qui demandait un acte fort. Ces dernières semaines, la crise avait pris un tour de plus en plus radical, avec notamment la profanation de symboles de la République : drapeaux brûlés, tentatives de saccage d’ambassades du Cameroun dans certains pays anglosaxons.
Une rentrée scolaire menacée
Ce geste d’apaisement sera-t-il suffisant pour permettre la reprise des cours dans les zones anglophones ? Car les tensions sont très vives à l’approche de la rentrée scolaire, la semaine prochaine. Certains établissements scolaires ont été incendiés récemment. La rentrée scolaire risque d’être perturbée. Des indépendantistes anglophones appellent au boycott. Et la grève des enseignants, qui a commencé l’an dernier, se poursuit. Ces professeurs reprochent au gouvernement d’avoir marginalisé le nord-ouest et le sud-ouest, les seules régions anglophones d’un pays officiellement bilingue.
Certes, les autorités entendent faire une plus large place au common law, le droit d’inspiration britannique, à la Cour suprême du Cameroun – une revendication des juristes anglophones. Mais elles rejettent tout ce qui pourrait porter atteinte à l’unité de la République.
Mercredi 30 août, le secrétaire général de la présidence camerounaise a lu un communiqué sur la radio d’Etat annonçant l’arrêt des poursuites judiciaires contre des leaders de la minorité anglophones en conflit depuis novembre avec le pouvoir de Yaoundé. Ils avaient été interpellés en décembre et janvier au plus fort des protestations dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays. On ignore le nombre exact de personnes qui devraient être libérées, mais une trentaine ont déjà fait six moins de prison.
Trois noms ont été cités : Nkongho Agbor Félix Balla, Fontem Aforteka’a Neba et Paul Ayah. Le communiqué évoque d’autres personnalités interpellées ces derniers mois, sans en préciser le nombre et l’identité.
De lourdes charges pesaient contre eux : hostilité contre la patrie, rébellion ou coactions d’actes terroristes. Reconnus coupables, ils auraient pu être condamnés à la peine capitale. Mais, après six mois de procès, les poursuites sont donc abandonnées.
Geste d’apaisement
Pour les autorités, c’est un geste d’apaisement à l’endroit des régions anglophones.
Issa Tchiroma-Bakary, le porte-parole du gouvernement camerounais, explique le geste du président Paul Biya. « Le président de la République, qui est le président de tous les Camerounais, a une vision holistique et fait en sorte que la paix règne sur l’ensemble du territoire. Il se trouve que dans le nord-ouest et le sud-ouest il y a eu cette poussée de fièvre, qui heureusement est en train de retomber. Alors le chef de l’Etat, en tant que chef de la nation, a estimé qu’à ce moment précis, il est préférable de privilégier la paix et l’ordre social à cette poursuite », estime le porte-parole du gouvernement.
Et de noter : « Est-ce un clin d’œil pour les anglophones ? En tout cas, au niveau du gouvernement, nous pensons que cela contribuera à calmer la situation et à ramener la quiétude de manière générale. »
Issa Tchiroma-Bakary espère que « cela contribuera à ramener les uns et les autres vers le droit chemin, à faire comprendre y compris aux sécessionnistes que la voie qu’ils ont prise n’est pas la bonne ».
Pour Claude Assira, l’avocat de certains de ces leaders anglophones, détenus depuis plusieurs mois à Yaoundé, l’heure est à la satisfaction. « Ils sont considérés déjà comme étant libres ou libérables, sauf qu’il y a des formalités de levée d’écrou qui retardent souvent le processus (…). Donc je crains qu’ils soient encore obligés d’attendre encore un tout petit peu, peut-être les premières heures de [jeudi], explique-t-il. [Mardi] encore, nous avions une procédure d’habeas corpus devant le tribunal de Yaoundé et puis d’autres démarches en parallèle auprès d’instances nationales et internationales. Donc voir ce résultat aujourd’hui ne peut qu’être pour nous qu’un motif de satisfaction, de grande satisfaction. »
La nouvelle a été accueillie avec un certain soulagement, autant à Bamenda, dans le nord-ouest, qu’à Buya, dans le sud-ouest. Dans ces deux villes qui polarisent la contestation contre le pouvoir central de Yaoundé, on avait fait de la libération de ces leaders un préalable à toute perspective de sortie de crise.
Paul Biya a ainsi satisfait à la demande d’une large partie de l’opinion publique anglophone et même nationale qui demandait un acte fort. Ces dernières semaines, la crise avait pris un tour de plus en plus radical, avec notamment la profanation de symboles de la République : drapeaux brûlés, tentatives de saccage d’ambassades du Cameroun dans certains pays anglosaxons.
Une rentrée scolaire menacée
Ce geste d’apaisement sera-t-il suffisant pour permettre la reprise des cours dans les zones anglophones ? Car les tensions sont très vives à l’approche de la rentrée scolaire, la semaine prochaine. Certains établissements scolaires ont été incendiés récemment. La rentrée scolaire risque d’être perturbée. Des indépendantistes anglophones appellent au boycott. Et la grève des enseignants, qui a commencé l’an dernier, se poursuit. Ces professeurs reprochent au gouvernement d’avoir marginalisé le nord-ouest et le sud-ouest, les seules régions anglophones d’un pays officiellement bilingue.
Certes, les autorités entendent faire une plus large place au common law, le droit d’inspiration britannique, à la Cour suprême du Cameroun – une revendication des juristes anglophones. Mais elles rejettent tout ce qui pourrait porter atteinte à l’unité de la République.