Près de 55 ans après la mort de l’activiste afro-américain pour les droits civiques, Malcolm X, l’enquête sur son assassinat pourrait être rouverte, suite à la diffusion d’un documentaire sur Netflix.
Après la diffusion du documentaire « Qui a tué Malcolm X », sur la plateforme Netflix, le bureau du procureur de Manhattan a déclaré lundi 10 février que le dossier de l’assassinat de l’activiste pourrait être rouvert au vu des informations révélées par le programme.
Dans ce docu-série en six épisodes, on suit l’historien Abdur-Rahman Muhammad parti à la recherche de réponses sur l’assassinat de son héros, Malcolm X.
Également connu sous le nom de El Hajj Malek El-Shabazz, Malcolm X était un activiste afro-américain, très impliqué dans la lutte pour les droits civiques. Il est souvent accusé de racisme et de prôner la violence, notamment à ses débuts, alors qu’il était porte-parole de l’organisation politico-religieuse Nation of Islam (NOI). En 1964, la scission avec la NOI est effective, et Malcolm X entre en conflit avec son ancien mentor, dirigeant et prophète auto-proclamé Elijah Muhammad. Une semaine avant son assassinat, sa maison fait l’objet d’un attentat à la bombe, alors qu’il s’y trouve avec sa femme, et leurs filles. La rupture avec Elijah Muhammad et ses partisans est présentée comme étant la cause de son assassinat du leader. Il mourra assassiné le 21 février 1965, alors qu’il s’apprêtait à donner un discours, au Audubon Ballroom, une salle de bal, à Harlem, son quartier new-yorkais. Il est abattu par 21 balles.
Trois hommes sont arrêtés après cette fusillade. Muhammad Aziz, Moudjahid Abdul Halim et Khalil Islam, trois membres de la NOI à Harlem ont été reconnus coupables en 1966 et condamnés à la prison à vie. Dans le docu-série de Netflix, l’historien Abdur-Rahman Muhammad révèle de nouvelles informations. Selon le témoignage de l’un des prisonniers, Moudjahid Abdul Halim, iI affirme que les deux autres n’ont « rien à voir avec cela », et qu’ils ont donc été condamnés à tort. Le documentaire affirme d’ailleurs que Muhammad Aziz et Khalil Islam « ne pouvaient pas se trouver sur les lieux du crime ce jour-là ».
Une enquête initiale volontairement bâclée ?
Halim nomme les quatre hommes qui l’ont accompagné ce 21 février 1965 pour assassiner Malcolm X, y compris, celui qui aurait tiré le coup de fusil fatal qui a coûté la vie du leader afro-américain. Tous viendraient d’une mosquée de la NOI à Newark, dans le New Jersey. Mais le documentaire va plus loin en suggérant l’implication du FBI dans l’affaire. La réalisatrice, Rachel Dretzin exprime d’ailleurs ses doutes sur le sérieux de l’enquête à l’époque au New York Times : « Ce qui nous a intrigués, c’est que l’assassin probable de Malcolm X vivait librement à Newark, que beaucoup de gens connaissaient son rôle dans cette histoire, mais qu’il n’avait fait l’objet d’aucune enquête ou poursuite ».
Pendant des années, Aziz (81 ans), et Islam (décédé en 2009) ont clamé leur innocence, déclarant qu’ils n’étaient pas sur les lieux, et qu’il leur était même impossible d’y aller, car venant de Harlem eux-mêmes, ils auraient été repérés rapidement par les proches de Malcolm X. Aziz a bénéficié d’une remise de peine en 1985, et n’a pas encore été réhabilité.
Le procureur de Manhattan, Cyrus Vance va donc travailler main dans la main avec l’association « Innocence project » qui oeuvre pour la réhabilitation des personnes condamnées à tort. Selon son porte-parole, Danny Frost, le procureur Vance « a rencontré plusieurs représentants de cette association et d’autres acteurs liés à ce dossier », ce qui l’a poussé à conclure qu’il était nécessaire « d’entamer un examen préliminaire de l’affaire ». Il décidera ensuite si l’enquête sera rouverte.
Un espoir pour la vérité
Une décision qui ravit la famille de Malcolm X. L’une de ses filles, Ilyasah Shabazz déclare : « Les mots ne peuvent exprimer ce que je ressens en apprenant que le procureur de Manhattan, Cyrus Vance évoque une réouverture de l’enquête sur l’assassinat de mon père, Malcolm X. J’espère que cette enquête apportera de la transparence et de la clarté concernant cette acte criminel dévastateur contre ma famille, et contre tous les partisans dévoués de notre cher Malcolm. Mon père a consacré sa vie à la recherche de la vérité. Il mérite le même attachement à la vérité de notre part à tous ».
L’association Innocence Project se dit reconnaissante envers le procureur Cyrus Vance qui a accepté de revoir la condamnation de Mustapha Aziz : « Étant donné l’importance historique de cette affaire, et le fait que notre client a 81 ans, nous étions vraiment ravis que M. Vance ait assigné deux procureurs hautement respectés sur la réouverture de l’enquête, Peter Casolaro et Charles King », a déclaré le co-fondateur Barry Scheck à CNN.