Une réunion sur le G5 Sahel s’est tenue lundi 18 septembre 2017 en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, avec les présidents des cinq pays du groupe, mais avec aussi Emmanuel Macron, Alpha Condé, président en exercice de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, ou encore la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le secrétaire général de l’ONU António Guterres. Et finalement, un représentant américain était bien présent, un conseiller du Homeland Security, le département de Sécurité intérieure. Financement, articulation force G5 et forces de l’Onu, les débats ont porté sur des questions de fond.
Avec notre envoyée spéciale à New York, Laura Martel
C’était une réunion de haut niveau, pour inciter la communauté internationale à soutenir la force antiterroriste conjointe du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso, Niger), dont les premières opérations doivent débuter en octobre mais dont seulement le quart du budget est mobilisé.
Finalement, un représentant américain était bien présent au rendez-vous, ce lundi à New York. « Une marque d’intérêt encourageante », estime un membre d’une délégation du G5. Jusqu’à présent, les Américains s’étaient montrés très méfiants face à la création de la force conjointe.
Regain d’intérêt américain
Ce sont d’ailleurs les réticences de Washington qui avaient notamment été à l’origine d’une résolution onusienne de soutien à minima en juin dernier, sans aide financière. Car pour les Etats-Unis, pas question de signer un chèque en blanc à travers l’ONU pour un nouveau projet de force africaine dont ils doutent de la concrétisation sur le terrain.
D’autant plus que Donald Trump compte réduire au maximum le coût des opérations de maintien de la paix. Il y a un mois encore, les Américains disaient vouloir soutenir le G5, mais au travers des coopérations bilatérales, sans doute pour garder la main sur les cordons de la Bourse.
Même si c’est à un niveau intermédiaire, puisqu’il s’agissait d’un conseiller de la sécurité intérieure, le Homeland Security, selon une source africaine, cette présence américaine marque donc une légère évolution et un intérêt pour l’opérationnalisation de la force, comme en témoignait déjà la semaine dernière un coup de fil passé en ce sens à l’Elysée.
Un financement pérenne
« Ils ne s’attendaient pas à ce que ça avance sur le terrain, ça a suscité un regain d’intérêt », indique une source française. « Et pour eux, africanisation de la sécurité veut dire diminution des opérations de maintien de paix », ajoute-t-elle. Pas d’enthousiasme démesuré, cependant : « Les pays du G5 veulent du concret, pas des promesses », souligne une autre source africaine.
« Des ressources financières prévisibles et durables » voilà ce qu’ont demandé d’une seule voix les pays du G5. « On ne peut pas envoyer nos militaires risquer leur vie sans savoir si on aura vraiment et durablement les moyens de cette guerre » souligne un diplomate. Selon plusieurs sources africaines, c’est sur l’articulation entre force G5 et forces onusiennes qu’ont porté les débats.
La force G5 Sahel pour remplacer la Minusma ?
Peu confiants dans la viabilité d’un financement par une conférence de donateurs, les pays du G5 voudraient bénéficier d’au moins une partie du milliard de dollars annuel attribué à la Minusma. D’autant que la force onusienne, qui n’a pas mandat à lutter contre le terrorisme, a une efficacité limitée dans le maintien de la paix, alors qu’elle est paradoxalement la mission la plus meurtrière de l’ONU.
Faut-il donc substituer la force G5 à la Minusma ? Réorienter une partie des fonds Minusma ? Ou faire de la force G5 une brigade intégrée de la Minusma ? C’est ce qui reste à déterminer. Les Sahéliens souhaiteraient en fait une nouvelle résolution de l’ONU, sous chapitre 7, pour obtenir le recours à la force sous mandat onusien. Ils espèrent beaucoup de la France, qui prend la tête du Conseil de sécurité en octobre et avait initialement fait une telle proposition de résolution en juin, finalement bloquée par Washington et Londres.