Balade du COVID 19
Je veux rire, je veux rire. Le vent pourra souffler, la pluie et la neige pourront tomber.
Je suis l’être insignifiant, invisible à l’œil nu, affublé du nom de corona à l’an 2019 du mois de décembre.
Je veux rire, je veux rire, le vent pourra souffler, la pluie et la neige pourront tomber. Je suis né en Chine et je défie le monde entier de l’est à l’ouest, du nord au sud en passant par le centre.
Je veux rire, je veux rire de ces couards qui se terrent, la peur au ventre, craignant ma rencontre. J’ai visité tous les pays, ils m’ont déclaré la guerre avec tout leur arsenal ; je l’ai acceptée avec flegme me ventant de mes milliards de partisans que comptent mes troupes.
Je veux rire, je veux rire de ces gens qui se disent puissants et qui sont devenus subitement impuissants face à ma virulence et mon impertinence. Je les ai poussés à la résilience sociale et ils ne savent plus où donner de la tête.
Trump s’est trompé en pensant me confiner dans ma patrie de naissance, semblant ignorer ma capacité de nuisance. Macron n’a pas cru que je l’atteindrais ; il a baissé la garde me permettant de pérégriner à travers l’Europe. J’ai fait trembler la reine d’Angleterre et terroriser les rois d’Espagne et du Maroc. J’ai piqué le premier ministre Johnson et tué des musiciens et des sportifs de grande renommée, j’en passe. Je suis en Espagne, au Portugal et dans tous les pays européens où je continue mes ravages.
Je veux rire, je veux rire, le vent pourra souffler, la neige et la pluie pourront tomber. Je tiens tête à mes pires ennemis, les blouses blanches et je me ris de ces hommes et femmes qui ont déserté les stades, les lieux de plaisances, les bars, les dancings et tous les endroits de rendez-vous, source de perversion et d’animalité exsangue. J’ai fait fermer marchés, boutiques, magasins, écoles et universités, paralysants tout le système économique et financier mondial, les poussant à la récession.
Je veux rire, je veux rire de ces hommes et femmes à qui j’ai collé la frousse et qui prennent la poudre d’escampette au moindre éternument. Par ma puissance, j’ai éloigné certains hommes de leurs femmes. J’ai séparé des couples d’amoureux à ma guise, point d’embrassade ni de baisés.
Je veux rire, je veux rire de ces gens qui se disent pieux et qui ont abandonné les lieux de culte : « églises, synagogues et mosquées ». Je continue mon œuvre destructrice, profitant de leur désunion, de leur égo et de leur entêtement à croire à mon inexistence, facilitant les foules immenses et les grands rassemblements, mes zones de prédilection. Je me réjouis d’avoir mis un terme à toute forme de cérémonies, fus-ce funéraire ou baptême.
Je veux rire, je veux rire de ces milliards de personnes confinées dans les maisons la peur dans les tripes par crainte de me rencontrer. Certains parmi eux, sortent de temps en temps avec leur masque que j’ai appris à déjouer pour les atteindre et les tuer.
Maintenant, je commence à m’essouffler, la peur a changé de camp et je tremble devant l’utilisation abusive de l’eau et du savon, du gel antiseptique, des antibactériens et antifongiques car je suis fait de graisse et ces produits m’anéantissent. J’ai peur et je tremble malgré ma virulence face à des peuples disciplinés qui respectent leur plan de guerre raison pour laquelle, j’ai vite quitté la Chine pour émigrer vers l’Europe et terminer mon voyage en Afrique, le continent le plus vulnérable, le continent des incertitudes, de l’ignorance, de l’indiscipline caractérisée et de l’incurie. Et pourtant ce terrain ne m’est pas favorable à cause de la rigueur climatique et de leur croyance religieuse. J’ai peur et je tremble surtout devant l’islam, religion de piété, de droiture et de propreté ; ses principes et recommandations respectés à la lettre, je n’aurais pas quitté mon abri naturel pour transiter du ventre de certains animaux vers les humains. J’ai surtout peur de leur turban et de leur voile, remparts contre ma fulgurance. Heureusement, par la turpitude, la gourmandise et la veulerie de certains parmi eux, j’ai répandu sur terre, le désarroi, le désespoir et la mort.
J’ai peur, je tremble et le monde entier tremble avec moi des séquelles que je vais laisser. J’ai peur, je tremble et je partirai en laissant un souvenir amer et impérissable qui mérite sans cynisme quelques remerciements car je les ai amenés à donner plus de crédit à leur semblable et plus d’intérêt pour le genre humain, sans oublier de prier pour tous les morts que j’ai occasionnées.
Le monde doit me remercier, d’avoir replacé et appliqué la démocratie dans son véritable contexte avec justice et équité. J’ai atteint tous les peuples à tous les âges, blancs, noirs, jaunes, hommes et femmes, enfants, adultes et vieillards, riches ou pauvres.
Le monde doit me remercier d’avoir permis à l’écosystème de se rééquilibrer pour un meilleur devenir, par le ralentissement de l’effet de serre dont ils ont été les principaux responsables pour assouvir leur désir de puissance et d’enrichissement aveugle, les poussant à une prise de conscience d’un nouvel ordre mondial qui met l’humain et l’humanité au cœur de toutes les relations.
Je veux rire et je veux pleurer, le vent pourra souffler, la neige et la pluie pourront tomber, la mer pourra hurler, les poissons pourront nager, la terre pourra reverdir et chanter et les animaux pourront danser. Humanité fais attention, mes cousins pourront resurgir à tout moment. Adieu.
Thierno Bocar KANE, Kounoune le 07/04/2020.